Presse & Prix

Res femina, récompensée pour son action

-Prix "Artisan du bien commun" promotion 2020 décerné par le Rameau et la Fondation pour la co-construction du bien commun

-Prix de l'initiative républicaine remis par la société générale.

"Mondialiser la voix des femmes"

TRIBUNE – À l’occasion de la Journée internationale des femmes, Simone Veil, la présidente d’honneur de Res Femina et et Sylvette Dionisi, sa présidente fondatrice, en appellent davantage au respect des valeurs féminines.

L’association Res Femina, que nous avons créée en 2009, a pour objectif d’éveiller la conscience politique des jeunes femmes, de les former aux affaires publiques et, sans a priori partisan, de leur ouvrir les voies d’un exercice actif de la citoyenneté. Il ne s’agit pas de les inciter à s’intéresser à la politique par obligation, mais par envie! Nous tenons à rappeler aux jeunes femmes d’aujourd’hui que le combat légitime de leurs aînées demeure nécessaire tant qu’il y aura des inégalités entre les hommes et les femmes. Les droits et les libertés dont elles jouissent aujourd’hui sont encore fragiles. Le moment n’est pas venu de baisser les bras!

 

L’objectif de la Journée internationale des femmes n’est-il pas de rappeler tout un chacun, et en particulier les responsables politiques, au respect de la femme? Nous saisissons cette occasion pour mettre les femmes françaises au cœur du débat et, puisque cette année est marquée par la présidence française du G20, montrons que ce forum concerne…

 

"Donnons aux femmes l'envie de s'engager en politique !"

Le 6 juin 2000, le gouvernement de Lionel Jospin promulgue la loi sur la parité politique avec comme objectif pour les partis de présenter un nombre égal d’hommes et de femmes pour les élections, municipales (dans les communes de 3 500 habitants et plus), régionales, sénatoriales (à la proportionnelle) et européennes.

Plus incitative que contraignante, cette politique de quotas devait permettre de faire changer les mentalités en profondeur. A l’instar d’un tuteur devenu superflu à la plante une fois donné au tronc force et vigueur, à l’instar de bons parents sachant se retirer une fois leurs enfants guidés en douceur jusqu’à leur indépendance et ayant développé leurs propres facultés de jugement, on aurait pu espérer que cette mesure se rende progressivement inutile, la norme devenant désuète une fois tombée dans le domaine de l’évidence. Qu’en est-il dans les faits ?

La loi sur la parité en politique a dix ans aujourd’hui et le bilan apparaît contrasté. Nécessaire, cette loi demeure insuffisante !

Tout d’abord les quelques femmes qui occupent le devant de la scène politique, aussi brillantes soient-elles, ne peuvent cacher le déficit sévère qui perdure en matière de représentation féminine dans notre pays. Par ailleurs les jeunes générations, et plus particulièrement les femmes, se désintéressent de la vie politique. Elles délaissent les partis et avancent souvent l’argument que d’un candidat à l’autre c’est « blanc bonnet et bonnet blanc ». La sphère du pouvoir est considérée comme réservée à des castes inatteignables et les jeunes femmes ne perçoivent pas la plus-value de leur engagement.

Relatif sentiment d’impuissance ? Plafond de verre tacite ? Toujours est-il que les femmes renoncent parfois avant même d’avoir essayé, ce qui conduit à une désaffection massive de l’engagement politique. Le cadre législatif, enfin, reste fragile et ne semble pas soutenir l’effort paritaire sur le long terme. En 2014, les élections des conseillers territoriaux (siégeant à la fois au conseil régional et au conseil général) se tiendront principalement sur un mode majoritaire et non plus un scrutin de liste, évacuant du même coup tout espoir de parité. Alors que faire ?

Faut-il abandonner l’idée de voir un jour les femmes partager l’espace public aux côtés des hommes ? Sans doute pas. Faut-il durcir et étendre les sanctions, creuser la voie de la contrainte qui a été ouverte il y a une décennie avec le succès que l’on sait ? Sans être opposé au recours à la loi, il semble qu’il faille endiguer toute velléité d’égalitarisme forcené pour valoriser plutôt la complémentarité entre les sexes, qui est une richesse et une force !

L’ENVIE, PLUS FORTE QUE LA SEULE CONTRAINTE

Dix ans après la promulgation de loi sur la parité, les évolutions plafonnent et il semble qu’il faille changer de paradigme. Avant de considérer la question de la demande, considérons le problème de l’offre. Tant que les femmes ne se sentiront pas concernées par le fait politique, aussi longtemps qu’elles seront si peu nombreuses à vouloir se lancer, personne ne se pressera pour leur faire une place au soleil du pouvoir. Le député Bruno Le Roux affirme même que cette loi « ne fera pas changer les comportements et que certains préféreront toujours payer plutôt que de laisser leur place ». D’où l’absolue nécessité d’éveiller l’intérêt des jeunes générations de femmes à la chose politique et en finir avec le sectarisme des sexes.

Car au constat de l’Observatoire de la parité disant que « seule la contrainte est efficace quand l’enjeu de pouvoir est fort », on serait tenté de rajouter : « pourvu qu’il y ait l’envie ! ». Au delà d’une approche uniquement fondée sur le droit, il semble qu’il faille convier de nouvelles ressources féminines par des voies incitatives et non plus subversives. C’est en donnant aux femmes l’envie de s’engager que le pari sera gagné ! Expliquons-leur qu’elles peuvent prendre toutes leurs responsabilités dans la Cité, au même titre que les hommes. Démystifions les caractéristiques des embûches et autres chausse-trappes qui sont certes considérables mais jamais insurmontables. Donnons-leur davantage de clés pour appréhender un système qui a été bâti par des hommes pour des hommes. La politique des quotas faisait fi de la compétence des femmes qui ne fait aucun doute et qu’il faut plus que jamais mettre en avant. A une démarche législative quantitative, substituons donc une démarche associative qualitative.

L’envie est un levier bien plus fort et prometteur que la seule contrainte et peut être le déclencheur de l’affirmation d’une approche féminine du pouvoir. Le rôle de transmission par l’école et les parents est à cet égard déterminant pour ouvrir très tôt aux petites filles l’horizon des carrières publiques.

Cette démarche à laquelle nous croyons fermement, nous lui donnons corps, à travers Res Femina, une association que nous avons créée pour accompagner les jeunes femmes, leur donner confiance en elles et les intéresser au champ politique, en traitant le problème à la base. Car au-delà d’une simple obligation de présence, il faut créer des vocations et susciter le surgissement d’idées nouvelles.

A nous tous de leur donner cette envie !

Sylvette Dionisi
Présidente – Fondatrice de Res Femina

"Les 40 ans de la Loi Veil"

« Ce mardi 26 novembre 1974 Simone Veil, ministre de la Santé présentait courageusement son projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse qui dépénalisera l’avortement. Il sera adopté le 29 novembre à l’Assemblée Nationale et deux semaines plus tard au Sénat à la suite d’une bataille passionnée et de débats houleux.
40 ans déjà! Cette femme seule à la tribune devant un parterre d’hommes portera la voix des femmes, son image restera à jamais gravée dans notre histoire collective; environ 300.000 femmes chaque année transgressent au péril de leur vie la loi de 1920 interdisant l’avortement.

Avec humilité, elle met la représentation devant ses responsabilités. Prenant à témoin le peuple, devant l’urgence elle livre un discours mesuré, convaincant par les exemples et juste en ce qu’il dénonce l’hypocrisie ambiante.
Elle a su au-delà des échanges, souvent stériles tournant autour de problèmes moraux réels mais aussi parfois de convenances toutes faites, présenter cette question de santé publique en souhaitant réparer une injustice sociale en offrant un cadre d’intervention médicale sécurisé.

Alors oui, il lui a été reproché d’être un peu dans l’exagération, mais ce n’était rien à côté des diatribes qu’elle a dû subir et de l’hostilité qu’elle a supportée: accusée tour à tour de racisme et d’eugénisme, comme offrant un « permis de tuer l’avenir de la France » là où elle défendait un ultime recours devant rester l’exception!
Loin de vouloir tuer l’avenir, il était bien question d’avenir puisque ces femmes contraintes de recourir à l’avortement s’en sortaient avec des séquelles irrévocables, mutilées avec parfois pour conséquence de devenir stériles voire d’y laisser la vie. Il n’était point question d’encourager l’avortement mais de prévenir, d’éduquer.
La natalité aujourd’hui se porte bien, la démographie française est une des rares d’Europe qui permettent d’envisager sereinement l’avenir.

Alors oui, il lui aura fallu beaucoup d’acharnement, de courage et de dignité, c’est pourquoi il était impossible en ce jour de ne point saluer le souvenir de cette loi qui n’est ni de pur symbole ni de revanche. Même si certains ont prétendu qu’il s’agissait d’une loi d’une femme pour les femmes, cela restera une loi qui approfondit la liberté de chacun et la responsabilité de tous. L’absence de cette loi encourrait aujourd’hui des reproches bien pires que ceux qu’a essuyés Simone Veil en la défendant. »

Sylvette Dionisi
Présidente – Fondatrice de Res Femina

"La nouvelle Commission
européenne ne sera
pas paritaire!"

EUROPE – Décidément c’est contraints que les hommes politiques acceptent les femmes parmi eux. D’ici à ce qu’ils se lèvent pour leur laisser la place il y a sans doute encore loin !


On connaissait déjà le slogan « Parce que vous le valez bien ! » mais cette fois ci-avec la liste définitive des commissaires européens (enfin au complet !) qui doit être publiée au journal officiel de l’Union européenne le slogan c’est : « Des femmes parce qu’il le faut bien ! » On veut sans doute y mettre de l’enthousiasme mais on sent au fond de la coupe comme un arrière-goût de dépit et de résignation. Décidément c’est contraints que les hommes politiques acceptent les femmes parmi eux. D’ici à ce qu’ils se lèvent pour leur laisser la place il y a sans doute encore loin ! Son Président a présenté la liste définitive des futurs commissaires européens après s’être arraché les cheveux pour obtenir a minima autant de femmes que dans l’exécutif sortant ! Après avoir tapé du poing sur la table, promis l’attribution de postes prestigieux aux Etats qui nommeraient une femme, et malgré la mobilisation d’une organisation d’associations de femmes.* Rien n’y fait !

La future commission devrait compter 9 femmes et 19 hommes : Ouf, le compte est bon semble nous dire Jean-Claude Juncker tant il a sué sang et eau ! Dans son esprit il pense avoir évité le verdict négatif à l’occasion du vote d’octobre sur l’ensemble de sa Commission. La tradition des comptes est bien ancienne dans nos lettres françaises : on se souvient du malade imaginaire, d’Harpagon, mais ce compte- ci s’il n’est pas bon semble bien de la même veine sauf que le rire n’y est pas ! Quand l »égalité entre les femmes et les hommes est l’un des principes fondamentaux du droit communautaire. 

Quand la Commission européenne adopte en 2010 une stratégie quinquennale pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes avec pour objectif de remédier aux déséquilibres dans toutes ses politiques. Quand l’Europe dispose de ressources, 27% des parlementaires dans 28 Etats membres, 27 %des ministres, 37% d’eurodéputées. Alors quoi ! Ce qui vaudrait ici ne vaudrait point-là ? Ce qui vaut en dehors de la Commission ne vaudrait point en son sein ? Mais il est vrai que ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui nomment leur commissaire européen et ce sont des hommes. Seules 5 femmes sont à la tête des pays européens. C’est cette représentation qui de fait se reproduit de mandat en mandat.

C’est un des principaux problèmes, quelques soient les principes affichés dans les textes dits « sacrés », car on voit bien que l’on importe là au cœur même de l’exécutif les dysfonctionnements des systèmes politiques.

C’est encore une occasion manquée de faire de bons comptes !

Sylvette Dionisi
Présidente –Fondatrice de Res Femina

"La charte de la laïcité
à l'école, un texte sans
sous entendus."

ÉDUCATION – POURQUOI, ALORS QUE LE BUT AFFICHÉ EST DE SUSCITER LA DISCUSSION DANS LA SÉRÉNITÉ ENTRE ÉLÈVES, PARENTS ET ENSEIGNANTS, CERTAINES VOIX S’INQUIÈTENT-ELLES D’UN REGAIN D’ISLAMOPHOBIE QU’ALIMENTERAIENT LES DÉBATS AUTOUR DE LA CHARTE ?

En cette rentrée scolaire 2013, les parents d’élèves recevront, avec le règlement intérieur de l’école (maternelle et élémentaire) ou du collège de leur enfant, « la charte de la laïcité » qu’a élaborée le ministère de l’Education nationale. L’objectif est clair : dans notre société où le lien social est mis à mal, il s’agit de « refonder l’Ecole » pour améliorer le fonctionnement de notre vie démocratique. Un objectif qui n’est ni de droite, ni de gauche, mais essentiellement républicain. La laïcité « à la française » est ainsi envisagée dans son rapport avec la liberté, l’égalité, et la fraternité. Les établissements privés sous contrat sont eux aussi destinataires de la Charte, pour souligner que ce n’est surtout pas une laïcité d’exclusion que veulent promouvoir les 15 articles de la charte, mais une laïcité de tolérance, qui s’adresse selon la formule consacrée à « toutes les religions en général et à aucune en particulier ».

Les mots-clefs des articles de la charte (liberté de conscience, liberté d’expression, égalité entre les filles et les garçons…) font en effet référence à 3 sources principales : la Constitution, la loi de 1905 (par exemple dans l’article 2) et celle de 2004 sur les signes religieux (par exemple l’article 14).

Pourquoi, alors que le but affiché est de susciter la discussion dans la sérénité entre élèves, parents et enseignants, certaines voix s’inquiètent-elles d’un regain d’islamophobie qu’alimenteraient les débats autour de la Charte ?

On n’y trouve pourtant aucune allusion aux questions qui fâchent : rien sur les menus des cantines, rien sur l’absentéisme dans les cours d’EPS ou à la piscine, rien sur la tenue vestimentaire des mamans accompagnatrices des sorties éducatives… !

Cette laïcité qu’on qualifie souvent « à la française », comme s’il s’agissait d’une préparation particulière d’une recette régionale, est un concept juridique intimement lié à l’histoire de France et, en tant que tel, porte évidemment la trace de sa constitution, difficile, heurtée parfois, contestée mais enfin affermie et se différencie très largement de quelques notions voisines, respectables elles aussi, mais venues d’autres horizons, la tolérance, la non-discrimination, la liberté d’opinion, la liberté de culte.

Cette laïcité, construite par une très courte loi, reprise dans la Constitution et augmentée d’une nombreuse jurisprudence indique bien, par sa sobriété même, qu’il s’agit essentiellement de règles communes dans certains espaces publics, deux principalement, les hôpitaux et les écoles. Elle repose sur la distinction entre l’intime, le privé, les questions de l’âme et du cœur, et ce qui s’y transmet d’une part, et le public, le partagé, le commun et ce qui s’y transmet d’autre part. Voir, ou prétendre voir, dans la laïcité, ce qu’il n’y a pas ou, inversement, regretter, ou prétendre regretter, ne pas y voir ce qu’on souhaiterait y voir semble ressortir de la même logique, celle que l’Etat empiète toujours davantage sur le privé de nos cœurs et de nos conduites. De grâce laissons à cette charte la simplicité de sa modestie.

Par conséquent, la tâche sera délicate pour les chefs d’établissement des zones sensibles, qui auront à cœur de montrer que non seulement l’islam et la laïcité sont compatibles, mais surtout que la laïcité est un bénéfice pour tous les membres de la communauté éducative, quelles que soient leurs opinions, leurs religions et leurs croyances. Cela nécessitera comme sur tant d’autres sujets, doigté, intelligence et fermeté.

Espérons que le cadre ainsi posé cette année, les »cours de morale laïque » prévus pour les prochaines rentrées pourront se dérouler dans l’ouverture d’esprit et le respect de chacun.

Tout ceci étant indispensable à la bonne entente de chacun avec tous et de tous avec chacun.

Sylvette Dionisi
Présidente – Fondatrice de Res Femina

"Journée internationale
de la Femme 2013:
un étrange oubli!"

JOURNÉE DE LA FEMME – A l’occasion de la journée internationale de la Femme 2013, l’association Res-Femina souhaite rendre hommage à une pionnière de l’enseignement, une pionnière du féminisme trop souvent oubliée: Pauline Kergomard fondatrice de l’école maternelle en France.

A l’heure où certaines, pour d’obscures et politiciennes raisons, souhaitent changer le nom de cette institution exemplaire, nous nous devions de rappeler à tous le souvenir de cette grande réformatrice qui se qualifie elle-même de « féministe », mais regarde d’un mauvais œil les suffragettes trop excessives ayant tendance à « singer » les hommes.

Féministe, certes, Pauline Kergomard le fut.

On peut l’expliquer par la forte opposition de son père à ses choix de vie et par l’influence de proches amis avec qui elle cofonde en 1868 la Société pour la revendication des Droits civils de la femme.

On ne mesure pas de nos jours, les trésors de courage, d’intelligence, de détermination qu’il fallut à cette femme de la fin du 19e siècle et du début du 20e pour s’imposer dans un monde très largement masculin, voire patriarcal.

Première femme élue en 1886 au Conseil supérieur de l’instruction publique, elle y siège à la tribune comme la représentante du corps des institutrices.

Elle défend l’inspection primaire féminine créée en 1889 avec des compétences limitées, et réclame pour les deux sexes l’égalité de l’enseignement et des droits juridiques, en vantant les mérites de la coéducation, le partage des responsabilités au sein du couple.

Elle écrit dans le journal La Fronde fondé en 1897 par Marguerite Durand et entièrement fait par des femmes.

En 1901 le Conseil National des Femmes Françaises la nomme membre d’honneur avec Marie Curie.

Dans ses lettres à ses petits enfants*, elle n’aura de cesse de dénoncer l’ostracisme suranné qui interdit aux femmes de siéger dans les organismes de gestion.

Refusant tout déterminisme social, elle souhaite donner à chaque enfant une chance égale de promotion en défendant la mixité à l’école, au combien nécessaire aux enfants des classes laborieuses pour qui la question de la garde des enfants était cruciale, compte tenu de la durée de la journée de travail pour les mères.

Institutrice, puis inspectrice générale des « salles d’asile », Pauline Kergomard par petites touches, avec obstination et pragmatisme, va les transformer radicalement pour en faire une institution nouvelle qui développera une pédagogie spécifique à « la maternelle » dès 1887.

Son apport personnel va consister à rationnaliser, adapter, théoriser la pédagogie et le mode de vie des enfants dans l’école à partir de son expérience de terrain.

Ses actions les plus connues concernent le rythme de vie quotidien des petits enfants (la sieste par exemple), l’adoption d’un mobilier adapté, la confection de repas spécifiques au jeune âge des élèves.

Elle insiste sur l’éducation corporelle et le jeu, et demande, dès 1905, la création d’une spécialisation pour les instituteurs de maternelle.

On demeure frappé, même en 2013, même un siècle plus tard, par la modernité de l’approche de Pauline Kergomard, par son souci constant de respecter la personnalité de chaque enfant en adaptant l’enseignement en fonction de ses besoins.

Tout démontre que Pauline Kergomard cherche à « penser » un nouvel espace, à organiser un lieu sinon autonome, du moins spécifique. Et cette spécificité est celle du contenu qu’elle entend y développer, l’éducation des petits enfants.

Et, progressivement, c’est une forme de programme d’éducation qui naît de ces lieux mêmes. Cette imbrication du contenant et du contenu, du lieu et du sens, de la forme et du fond est, à mes yeux, la plus belle leçon que nous puissions, nous, aujourd’hui, comme les enfants de l’école maternelle, retenir de l’œuvre de Pauline Kergomard, si enclins que nous sommes à séparer les moyens et les fins, à revendiquer les uns pour ne pas affronter les autres.

Un enfant libre, dans une école qui lui révèle ses potentialités, une école qui pose les bases pour chaque petit Français de sa réussite individuelle et sociale, tels ont été les axes conceptuels qui ont fait de l’école maternelle française un modèle à l’échelle européenne.

Dans d’autres pays en effet, l’éducation des jeunes enfants demeurera longtemps l’apanage des familles.

Cette réussite, c’est celle de Pauline Kergomard, dont le nom mérite de ne pas passer dans l’oubli collectif.

Etrange oubli en effet!

Si son rôle exceptionnel dans le domaine de l’éducation de la petite enfance reste connu d’un certain nombre de spécialistes et de praticiens, son engagement féministe et le lien avec son engagement professionnel dont il est le fondement est en revanche totalement passé sous silence!

Ce ne sont pourtant pas les héros de l’éducation qui manquent dans les fastes de la République, de Camille Sée à Jules Ferry en passant par Ferdinand Buisson.

Etrange oubli qui n’oublie jamais les hommes!

Sylvette Dionisi
Présidente – Fondatrice de Res Femina

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